Titre d’un poème amérindien, SKY LOOM signifie « métier à tisser reliant la Terre au Ciel ». Cet album s’inscrit dans l’action, au-delà du dire et de l’émotion. C’est la bande-son du projet culturel et pédagogique « TEXT’ILES » dont l’objectif est de faire redécouvrir l’art du tissage en Guadeloupe et dans les Caraïbes. Amorce d’un nouveau récit, bâtisseur, poétique, cet opus est né du désir de la chanteuse de faire vivre un savoir-faire oublié, que les amérindiens et les africains n’ont guère eu le loisir de perpétuer aux Antilles.
Les rythmes traditionnels guadeloupéens (Mende, Kaladja, Toumblak, Biguine…), martiniquais (Mazouk) ou latins (Boléro, Bossa) sont mis à l’honneur par une équipe impressionnante de créativité et de talent : ARNAUD DOLMEN (batterie), GRÉGORY PRIVAT (piano), RALPH LAVITAL (guitare), XAVIER RICHARDEAU (saxophone et clarinette), RÉGIS THÉRÈSE (basse).
Couleurs, fibres, histoires se croisent ici, comme dans les anciens magasins textiles de la rue Frébault à Pointe-à-Pitre, avec la vigueur et l’extensibilité du Tout-Monde. Par les méandres des rêves et des souvenirs, les motifs et les tableaux défilent superbement. De longs verses introduisent les thèmes, à la manière des standards de Broadway que Véronique Hermann Sambin affectionne. Elle prend le temps et le soin de tisser. Elle transmet patiemment. Chose rare pour une chanteuse, elle s’efface par moment, aménageant l’espace en interludes, où la musique seule prend la parole. Les mots, même quand on les manie bien, ne savent pas tout décrire.
Sous la direction artistique du guitariste Ralph Lavital, les compositions de la guadeloupéenne immergent pleinement dans une vaste créolité, selon une architecture à la fois ancrée, zébrée, cannelée, et harmonieuse. En sus des 2 hommages aux compositeurs Scott Joplin (The Entertainer/Lanmou) et Edouard Pajaniandy Mariépin (Fête à la Guadeloupe), les 9 autres titres sont écrits et composés par l’artiste afro-caribéenne.
Son histoire commence en Guadeloupe, l’île des premiers sons émis par sa voix en 1974. A la maison, la musique sort de la radio, des disques ; On écoute du Cubain, du Zouk, papa vibre pour le Konpa de Coupé Cloué et le Gwo Ka, maman craque plutôt pour Jacques Brel et Tina Turner. C’est le piano classique qui sera le premier terrain de jeu musical de Véro, le métier sur lequel elle tisse bientôt ses premières mélodies pour faire danser les mots qu’elle écrit. En français, d’abord. Le créole, un temps interdit, viendra plus tard…
Elle quitte son île à l’âge de 17 ans afin de suivre de hautes études commerciales en Europe. Après des escales à Munich et Anvers, elle décide de poser ses valises à Paris. Entre deux carnets de voyage et de musique, elle exerce plusieurs métiers jusqu’en 2008, où elle fait le choix de se consacrer pleinement à l’écriture et à la composition. L’artiste multilingue s’avoue captive de poésies.
Il y a des rencontres qui sont un éveil. Le jazz en fut un pour elle. En 1984, il y eut Sportin’Life, l’album de Weather Report, avec en particulier le titre créole Confians de Mino Cinelu. En 1991, dans un autre registre, Unforgettable…with Love, interprété par Natalie Cole, et puis Ella Fitzgerald (« une énergie, une justesse incroyable. Hélas jamais vue sur scène »). Le jazz et ses passeurs. Le saxophoniste Xavier Richardeau, par exemple. Une rencontre déterminante, en Guadeloupe. Après l’avoir entendue chanter, en s’accompagnant à la guitare, il lui propose d’écrire des arrangements sur ses compositions. Il devient son directeur musical. De leur connivence naîtra Ròz Jériko (2012), qualifié de “réussite absolue” par le quotidien français Le Monde. Cet album voyagera sur les scènes parisiennes comme sur les scènes nationales telles que Marciac, French Quarter au Duc des Lombards, Jazz en Touraine, Martinique Jazz Festival, Jazz au Phare…
Parallèlement à son répertoire original, Véronique Hermann Sambin interprète des standards de jazz, “avec une préférence pour les ballades”, toujours accompagnée par des musiciens d’exception (Alain Jean-Marie, Darryl Hall, Thomas Bramerie, Eric Legnini, Frédéric Nardin…).
En 2015, elle présente son album Basalte. Il a été enregistré avec un quintet idéal, réalisé et arrangé conjointement par le pianiste Frédéric Nardin et Xavier Richardeau. Véronique signe la quasi-totalité des titres, écrit et compose. Si le français et l’anglais sont présents, dans Basalte, le créole prend avantageusement ses aises.
« Ce qui m’a amenée à monter sur scène, c’est le créole. J’aime le langage corporel et l’héritage qui l’accompagnent. C’est ma langue de sang ».
De son île natale à l’Ile-de-France, Véro Hermann Sambin (VHS) a mené un parcours peu commun, comme le révèle sa signature musicale résolument singulière. Elle accorde une importance capitale aux mélodies et aux textes, qu’elle écrit aussi bien en créole, en français qu’en anglais. Servies par une voix suave et chargée d’émotions, ses chansons emportent le public vers des territoires artistiques sous-explorés, entre world, pop et jazz caribéen. Attachée à sa terre caribéenne et ses héritages, engagée dans la vie et l’écriture sur les questions environnementales et patrimoniales, Véronique Hermann Sambin contribue aujourd’hui avec succès, à les faire découvrir en plantant un décor très personnel dans le paysage musical créole et Jazz.
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12 Mar 2020 | VÉRO HERMANN SAMBIN | BAL BLOMET BAL BLOMET | BAL BLOMET |