CHRYSTELLE ALOUR

Traversée est un album singulier, qui nous plonge dans un univers sans frontières de la France au Brésil, du swing à la samba, du standard à la composition. L’album joue merveilleusement de ces paradoxes : la richesse musicale, le raffinement du tissage mélodique, la polyphonie des influences d’un morceau à l’autre (brésilienne, jazz, chanson française…) n’entrave en rien la dominante qui donne sa splendeur à l’ensemble : l’impression d’une joie pure, d’une fraîcheur vivifiante, comme si le jazz se régénérait une fois de plus, dans ce nouvel album à la faveur d’une alchimie parfaite entre les musiciens et l’auteure Chrystelle Alour.

Traversée ne nous embarque pas dans une simple promenade en chansons. Nous sommes bien ici plongés en plein océan Jazz, qui parfois laisse s’élever la voix d’une sirène au swing ravissant, pianiste subtile qui connait le bonheur d’un dialogue avec une guitare solaire (Sandro Zerafa), une trompette prolixe (Julien Alour) et une joyeuse complicité avec une rythmique à l’énergie débordante (Manu Franchi, Simon Tailleu). Les textes sont d’une poésie indéniable, et sonnent parfois comme un clin d’œil lointain à Henri Salvador, leur pudeur délicate sait laisser le sax ténor inspiré du grand David Prez dérouler à son tour son mystérieux discours, en résonance ou en réponse, comme on voudra.

L’album séduit par la confiance absolue accordée à la musique et à son pouvoir d’entraînement au grand voyage, à travers styles, époques ou territoires. Nul doute que ce premier album voguera longtemps, porté par le vent généreux de sa propre vivacité.

Impossible de lire ou de prononcer son nom sans penser à Sophie et Julien. Chrystelle est l’aînée de la famille mais aussi la dernière à se lancer dans l’aventure musicale du jazz.
Chrystelle Alour a eu plusieurs vies avant de devenir auteur, compositeur, arrangeur et interprète de ce très prometteur premier album, Traversée.

Elle commence le piano à l’âge de 5 ans, et l’étudie pendant 15 ans en suivant une formation classique et jazz. A 20 ans, elle décide de changer de cap. Elle se lance dans des études de droit, d’anglais et d’ethnologie. Bardée de diplômes, elle mène sa vie loin de la musique.

Mais la musique a cette magie inexplicable, cette force incommensurable qui fait qu’elle peut réapparaître en vous à tout moment. C’est à 30 ans passés que le déclic s’opère chez Chrystelle. Elle range ses diplômes et son métier, et se remet au piano. Elle accompagne pendant 10 ans les cours de danse classique du Conservatoire de Choisy-le-roi. En parallèle elle continue de s’intéresser à la scène jazz et se rend dans de nombreux concerts. Mais c’est la musique brésilienne qui crée en elle une émotion et une envie de se livrer à son tour. Et c’est sans doute pour cela qu’étonnamment, elle compose à la guitare.

Chrystelle trouve sa voie. Et quelle voix ! Sobre luminosité d’un timbre à la ligne claire, spontanément enchanteur. Puis elle se met à la composition des musiques, un subtil mélange de musiques brésiliennes et urbaines, habité par la passion des mélodies et des rythmes qui crépitent. Ses musiques lui dictent les mots. Et c’est ainsi que naissent les chansons de ce premier album, un jazz haut en couleurs, étincelant, vivifiant, surprenant et joyeux.